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André Sornay 1902-2000

Excellent dessinateur, peintre de talent, il mit ses dons artistiques au service de son travail d’ébéniste décorateur. Par rapport à ses confrères locaux, André Sornay se démarque à la fois par son modernisme et par la rigueur de son parcours.


D’abord étudiant aux Beaux-Arts de Lyon, il reprend en 1919, à la mort de son père, l’entreprise familiale axée sur le mobilier de style et lui insuffle un courant de modernité unique à Lyon. Très proche des idées de Francis Jourdain et de Pierre Chareau, il se tourne immédiatement vers l’avant-garde et cherche à adapter le meuble à sa fonction, tout en l’exécutant avec une esthétique résolument novatrice.
En 1925, André Sornay participe à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels modernes, et ouvre ses ateliers dans la banlieue lyonnaise. Il crée d’abord un mobilier moderne dans l’esprit de l’époque, pièces uniques, riches placages, mais avec des montages classiques. Ses œuvres sont très architecturées, aux formes simples, à l’opposé du maniérisme parisien. Elles sont rarement agrémentées de motifs décoratifs, mais garnies de poignées en bois ou en laiton qui en font office. Il adapte « l’objet à sa fonction ».


Installant des intérieurs entiers avec des combinaisons de boiseries encastrées, des cloisons amovibles, des paravents attenants au mur, il conçoit des « meubles à usages multiples » avec étagères, tablettes qui intensifient le côté utilitaire. Il y incorpore des systèmes, des subtilités, des fonctions cachées. Employant le métal dès 1928, André Sornay devient l’artiste d’avant-garde à Lyon.
Après 1930, il cherche à concevoir un mobilier moins cher, et « pour laisser l’utile apparent », décide de créer une production de pièces multiples à coût inférieur. En 1933, André Sornay dépose un brevet pour un système d’assemblage de panneaux en contreplaqué fixés et ornementés de pointes en laiton connu sous le nom de cloutage. Technique et décoratif, ce procédé lui permet, grâce à un prix de revient moindre que dans l’ébénisterie classique, de produire des modèles très architecturés aux placages variés et aux formes structurées.


Révolutionnaire, cette innovation va le faire passer du stade de décorateur de talent à celui de découvreur de génie. Désormais reconnu, il va pouvoir décliner son œuvre atypique.
Parmi ses autres innovations, on trouve : l’emploi du pin d’Oregon qui brossé et teinté prend un aspect africaniste ; le Permatex, toile enduite plaquée sur les meubles ; le caoutchouc qui borde le socle du meuble afin de le protéger des aspirateurs.
Lors de l’Exposition des Arts et Techniques de 1937, il tente à nouveau sa chance à Paris avec un « bureau de l’ensemblier », mais son travail, synthèse de ses idées, et tentative de création d’un espace total, bien que récompensé par une médaille de bronze, passe totalement inaperçu. 


A l’approche de la guerre, et durant celle-ci, les commandes se font plus rares, l’activité se ralentit. L’atelier tourne avec un plus petit effectif, mais durant l’été 1942, l’usine brûle et vingt ans de recherches s’envolent en fumée.
Après 1945, la reprise est difficile. Pourtant, toujours à l’avant-garde des recherches sur un mobilier d’assemblage facile, vers 1950, il met au point une tige métallique destinée à réunir les différents panneaux d’un meuble, offrant ainsi un montage rapide, simple et modulable.


Dans les années 1950-60, ses enfants se joignent à lui et l’activité se tourne vers le mobilier de collectivités.
En 1967, il cesse officiellement son activité, mais il faudra attendre 1994 pour voir la fermeture définitive de Sornay meubles.


Thierry Roche