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Hector Guimard 1867-1942

Originaire de Lyon, Hector Guimard commence ses études artistiques à Paris où en 1882, il entre à l’école des Arts Décoratifs dans la section architecture et suit l’enseignement d’un disciple de Viollet-le-Duc. Trois ans plus tard, il s’inscrit aux Beaux-Arts.



Ses premiers travaux, un café-concert en 1888 et l’année suivante un pavillon de l’Electricité à l’Exposition Universelle, sont encore de facture classique avec des rappels du gothique. Les commandes se succèdent rapidement pour des hôtels particuliers, souvent dans le 16ème arrondissement de Paris.

Vers 1894-95, il rencontre des architectes belges, Paul Hankar d’abord, puis Victor Horta qui lui fait découvrir l’hôtel Tassel.La révélation de cette architecture novatrice va profondément l’inspirer et le faire passer du statut de classique à celui de moderniste.

Son style se métamorphose, on voit apparaître des supports en fonte décorés de motifs Art Nouveau sur les piliers de l’école du Sacré Cœur, et il présente ses premiers meubles représentatifs du nouveau style.

C’est à cette époque qu’il obtient la commande d’un immeuble de rapport : le Castel Béranger, l’œuvre de sa vie. Près de la Seine, rue Jean de la Fontaine, il va ériger un manifeste de son travail. Œuvre totale, où il va décliner tout son vocabulaire esthétique. Si la vision extérieure fait immédiatement penser à l’Art Nouveau, avec ses diables sur les balcons, des ancres en forme d’hippocampes ou une fontaine qui ne déparerait pas dans un film fantastique, il conçoit la décoration intérieure à l’égal de la structure architecturale. Adepte
de l’unité dans l’habitation, il va tout concevoir à l’intérieur, les luminaires, les papiers peints, les boutons de porte, la
quincaillerie, tout est en osmose avec le visuel extérieur. Mais c’est également dans le domaine du mobilier qu’il va innover.

Hector Guimard dessine des meubles où la courbe commande la structure même du meuble, lui communiquant parfois une instabilité déconcertante, souvent asymétrique. Sa ligne « coup de fouet » valorise un style à la fois puissant et aérien. Ils les fait exécuter dans ses propres ateliers dans des bois précieux comme le poirier et la plupart du temps en pièces uniques.

Hector Guimard publie « L’art dans l’habitation » un album apologie de son Castel Béranger. On parle désormais de style Guimard, et son travail est très commenté, louanges dithyrambiques pour certains, vives critiques pour d’autres qui y voient l’œuvre d’un fou.

Dès lors, les commandes s’intensifient, la maison des céramiques Colliot à Lille, ou le Castel Henriette à Sèvres (aujourd’hui détruit par l’incompréhension d’André Malraux, alors ministre de la culture, et que l’on peut apercevoir dans quelques films comme What’s new Pussy cat de Clive Donner).

En 1900, il reçoit la commande d’édicules du Métropolitain de Paris, qu’il fait exécuter par les fonderies du Val d’Osne et dont 86 sont parvenus jusqu’à nous. Ils marqueront tellement les esprits que l’Art Nouveau fut souvent dénommé en tant que style Entrée de métro (ou style Guimard). Il crée également des vases spectaculaires pour Sèvres et fait éditer des pièces en fonte pour l’architecture, vases de jardin, bancs, chenets, porte-parapluie. Il s’occupe aussi d’architecture funéraire.

Hector Guimard épouse en 1909 Adeline Oppenheim, fille d’un banquier de New York, et se fait construire un hôtel particulier « selon son rêve » avenue Mozart où il conçoit le moindre détail allant cette fois jusqu’au rideaux, moquette, linge de table et même la robe de mariée de sa femme. Par chance la chambre de celle-ci est parvenue jusqu’à nous et est exposée au musée des Beaux-Arts de Lyon.

Mais ses rapports conflictuels avec la presse, et la désaffection du public pour le style Art Nouveau, trop cher, trop difficile à vivre, vont le contraindre à un oubli relatif.

Hormis une synagogue rue Pavée en 1913, et une participation à l’Exposition de 1925, avec la Mairie du village français, entre l’Art nouveau et l’Art Déco, mais moins inspirée, son travail n’est plus glorifié comme auparavant. Seuls quelques immeubles encore intacts dans le 16ème arrondissement témoignent de cette époque moins novatrice.

En 1938, à l’approche de la guerre, en raison de la judaïcité de son épouse, il s’exile à New York où il terminera sa vie, oublié et méconnu.


Thierry
Roche