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Eugène Grasset 1845-1917


Bien que lointainement assimilé au mouvement Art Nouveau, Eugène Grasset va en être l’initiateur et également le grand défenseur des arts décoratifs en France, dans l’esprit de William Morris en Grande-Bretagne avec le mouvement Arts and Crafts.



D’origine suisse, il naît à Lausanne où son père est ébéniste et sculpteur. Il étudie d’abord le dessin et l’architecture (à laquelle le destine sa famille) à l’École polytechnique de Zurich.

En 1866, il voyage dans le bassin méditerranéen et fait un long séjour en Égypte. De retour, il travaille à la décoration du théâtre de Lausanne.
Il cultive une grande admiration pour l’art japonais et découvre à cette époque le Dictionnaire de l’architecture de Viollet le Duc qui va profondément l’influencer.
En 1871, il s’installe à Paris, où il commence une carrière d’illustrateur et de concepteur de modèles pour les arts décoratifs. Il réalise d’abord des maquettes pour les grilles du célèbre cabaret le Chat noir.

A partir de 1879, il fait exécuter un ensemble de mobilier pour Charles Gillot, un pionnier de la photogravure. Ce mobilier encore d’esprit gothique, que l’on peut voir au Musée des Arts Décoratifs, est agrémenté de sculptures représentant des personnages issus du Moyen Age et d’animaux traités de façon naturaliste, prémisse de l’Art Nouveau.
C’est l’illustration qui le fait connaître du grand public en 1883 avec Les quatre fils Aymon, conçu avec un nouveau procédé chromolithographique, devenu un classique de la bibliophilie.

Il dessine des vitraux avec Bégule et Gaudin déjà dans une thématique nettement symboliste.
De 1884 à 1897, il va réaliser la plupart des affiches qui feront sa réputation : La place Clichy, le Chocolat mexicain, le Bon marché, Jeanne d’Arc pour Sarah Bernhardt ou la Belle jardinière.

Parallèlement il enseigne le dessin dans les écoles d’art parisiennes, comme l’école Guérin et plus tard la Grande chaumière et l’école Estienne.

En 1891, il est naturalisé français.
En 1896, il publie un recueil La plante et ses applications ornementales qui devient un ouvrage de référence pour le nouveau style.
 
L’année suivante, c’est la création d’un caractère d’imprimerie, le Grasset, qui devient une archétype de la typographie et est encore employé de nos jours. Puis après avoir dessiné des timbres pour la France et la Suisse, il conçoit la couverture du nouveau Larousse. Désormais, il collabore régulièrement aux revues d’art décoratif et publie une importante conférence dans Art et Décoration sur l’Art Nouveau où il défend les arts mineurs. Il y propose un précepte qui sera d’ailleurs plus proche des viennois que des français : « La forme doit être adaptée à l’usage et ne doit pas être altérée par les ornements ».

Lors de l’Exposition universelle de 1900, il présente en collaboration avec les joailliers Vever des bijoux symbolistes en or et émail. Lors de celle-ci, il s’occupe également du Salon du costume et dessine des plaques qui seront exécutées en grès par Émile Muller.
L’année suivante, il est à l’instigation de plusieurs réunions d’artistes, la Société des artistes décorateurs avec Hector Guimard et la Société de L’art décoratif français avec René Lalique.

Dès 1906, une grande exposition rétrospective de son œuvre est organisée au Pavillon de Marsan.

Cet artiste protéiforme aussi bien peintre, graveur, illustrateur, dessinateur, affichiste que créateur de modèles d’étoffes, de papiers peints, de tapis, de mobilier, de ferronnerie, de bijoux, de vitraux…finit ses jours à Sceaux toujours actif et encore professeur à l’école Estienne.


Thierry Roche.