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Catalogue de l'exposition sur Max Ernst

Catalogue extrêmement rare de l'exposition sur Max Ernst, tenue aux Copley Galleries à Beverly Hills du 10 janvier au 20 février 1949.



Au début de l'année 1949 s'est tenue à Beverly Hills, aux Copley Galleries, une rétrospective d'une des plus grandes figures du surréalisme, le  peintre Max Ernst. A l'occasion de cette exposition a été publié un catalogue designé et signé par l'artiste en personne. Un catalogue qui, de notre regard contemporain, semble sortir d'un autre temps, tant le visuel du livre est singulier. Préfacé par le poète Joe Bousquet, ce livre se scinde en deux parties,  « At eye level » et « Paramyths ».

Max Ernst traque l'imaginaire au moyen des techniques les plus variées, notamment celle du frottage, qu'il invente ou adapte avec la virtuosité qui lui est propre. Il semble tirer son inspiration des profondeurs de l'imaginaire. Onirique et poétique son œuvre prend vie dans une esthétique ésotérique. Max Ernst ne s’assujettit à aucun confort académique et use d'un style qui prend racine dans le refus des influences détectables.
Dans les peintures et  gravures présentées dans cet ouvrage, cet inventeur d'images joue soit sur l'extrême précision du représenté, soit sur des effets de flou, d'espaces et de formes suggérés appartenant au domaine du merveilleux, de l’énigmatique. La grande diversité de ses thèmes doit se comprendre comme une posture artistique et comme un point de vue philosophique sur son identité esthétique.

Une dichotomie picturale s'observe entre les deux parties du catalogue. Dans « At Eye of Level »  les peintures privilégient les rondeurs , les formes abstraites ou géométriques, davantage dans la lignée des codes esthétiques surréalistes. Chaque œuvre est ici précédée d'un commentaire  ou d'un poème. A contrario, dans la partie  « Paramyths  », les gravures d'une grande finesse et précision, revisitent  l'iconographie des figures antiques et bibliques dans une imagerie fantaisiste et fantastique. L'hyper précision du trait contraste avec l'aspect plus labile des figures de « At Eye of Level », représentant des formes issues d'une réalité supérieure, davantage de  l'ordre du psychisme. Les gravures « en marge des mythes » sont chacune accompagnées de commentaires du maître.  Des commentaires  qui  accentuent la résonance étrange mais qui peuvent s'apprivoiser comme autant d'indications interprétatives. Chez Ernst, il y a une réelle complémentarité entre les commentaires, les poèmes, les titres des œuvres et les œuvres elles mêmes. L'écrit, le mot peut s'apparenter au signifiant et l'illustration au signifié, c'est-à-dire à la représentation mentale, pour reprendre la terminologie instituée par Ferdinand de Saussure.

L’œuvre de Max Ernst  affirme sa singularité par une position funambulesque, constamment sur le fil entre la chimère et la réalité, dans une dialectique entre l'idéel et le réel. La qualité et la force du catalogue tiennent à la contiguïté entre le pictural  et les écrits, qui éveille la curiosité et alimente le caractère énigmatique de l'ouvrage ; un ouvrage qui peut s'appréhender comme une  brochure mystique.

Claire Taddei