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Claudius Linossier 1893-1953

« Mon travail, il n’est pas sorcier. Tenez, on prend une feuille de métal, du cuivre, du laiton, du ferronickel, peu importe, puis voilà... ».


Ses parents, ouvriers tisserands, sont depuis longtemps installés sur le plateau de la Croix-Rousse. Il entre à 13 ans comme apprenti en orfèvrerie religieuse et acquiert 
les différentes techniques de travail du métal.


En 1919, il se rend à Paris pour œœuvrer chez un grand orfèvre, Cardeilhac, et fait un bref passage chez Jean Dunand.
Il fréquente assidûment le musée du Louvre où il est fasciné par les poteries étrusques et surtout par celles du grec Douris.
De retour à Lyon en 1920, il ouvre un petit atelier de dinanderie à la Croix-Rousse. La dinanderie est l’art de battre le métal sans aucune soudure à partir d’un disque en cuivre, en ferronickel, en maillechort…
Désormais, au rythme d’une centaine de pièces par an, il ne va plus s’arrêter de créer, affine ses techniques, présente des œuvres à Paris et expose au Salon d’Automne de Lyon. Il exécutera environ 3600 pièces. 


En 1922, il se marie avec Hélène, sa compagne fidèle, et fait une exposition chez Hébrard qui le fait connaître du tout-Paris. Le succès est immédiat.
Les formes privilégiées sont déjà assimilées, les vases sont ovoïdes ronds ou ovales, boules à petite ou grande ouverture, piriformes retournés, cylindriques. Ils représentent plus de la moitié de sa production.


En 1925 lors l’Exposition des Arts Décoratifs, il a l’honneur d’être choisi par Ruhlmann pour figurer dans son « Pavillon du collectionneur ».
L’année suivante, il conçoit sa première grande œuvre figurative, un somptueux plateau octogonal à décor de deux femmes assises, conversant devant une grande urne de style...Linossier.
Il soigne désormais ses patines et ses oxydations. Certains vases, par leurs couleurs chaudes, leurs aplats géométriques, et leurs stylisations parfois naïves font penser à des poteries précolombiennes. Il ne réalise jamais deux fois le même vase.
Il exécute des pièces d’esprit Art Déco comme ce très beau vase ventru à décor de carrés qu’il léguera plus tard au musée des Beaux-Arts. Par sa variété, la collection présentée par celui-ci permet d’observer le riche échantillonnage de ses réalisations. 


En 1930, il réalise des pièces figuratives avec danseuses au voile plus ou moins dénudées.
A partir de 1931-32, il termine certaines pièces par des pieds ou des finitions de col en fer forgé, avec des socles en bois rajoutés par Sornay. Il emploie des patines argentées moirées telle une peinture abstraite et parfois des formes moins strictes, plus molles.


En 1937, nommé membre du comité régional de l’Exposition des Arts et des Techniques, il présente de très belles pièces décoratives. À cette époque,
l’Etat lui commande des œuvres de prestige pour des personnalités politiques.
Durant la guerre, il réalise à peine 300 pièces.


Le conflit terminé, il se remet au travail. Mais le pays est meurtri, les mentalités ont changé. Il tombe dans un oubli relatif. A partir de 1947, il présente des tableaux en métal sur le thème du bouquet de fleurs, exécutés d’après les huiles de sa femme. Sa femme, meurt des suites d’une longue maladie en décembre 1952. Il ne lui survivra pas, il se suicidera en octobre 1953.


Thierry Roche